Une collégienne et sa mère regardent tomber une pluie d’oiseaux morts : de quelle catastrophe celle-ci est-elle le signe ? Entre les deux femmes, la parole se libère : les ambiguïtés de leur relation fusionnelle, les rumeurs qui lézardent les murs du collège comme la sècheresse strie la terre, l’envie de liberté de la jeune fille, que sa mère soigne comme son bonsaï. Au fil de leur tête-à-tête, leur univers devient de plus en plus menaçant et fantastique. À travers ce texte mis en scène par Maëlle Dequiedt, Penda Diouf sonde les désordres intimes à l’aune de celles et ceux qui touchent notre planète. Avec en tête, cette citation de Gramsci : «Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître, et c’est dans ce clair-obscur que surgissent les monstres».
Un conflit de génération
Ce spectacle traite de l’émancipation d’une adolescente, de la traversée de cette période propice à la prise d’indépendance. Le spectateur y découvre l’histoire d’une collégienne et de son rapport fusionnel avec sa mère. Au fil de l’intrigue se dessine la prise de conscience par cette jeune fille de la toxicité de cette relation filiale à laquelle elle tente d’échapper. La pièce porte un regard sur cette période si particulière pendant laquelle nous découvrons les défauts de nos parents, observons leur façon d’interagir avec nous et comprenons ce qui peut nous mettre à l’aise.
Un questionnement environnemental
En parallèle de cette relation mère-enfant, le texte invite à une réflexion sur l’écologie. Durant l’été 2021, la diffusion du rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) à bouleversé beaucoup de monde, y compris l’autrice, influençant ainsi son processus d’écriture. La nature devient alors un troisième personnage en tant que tel. Cette volonté de parler d’environnement fait écho à la politisation de la génération actuelle, les jeunes se sentent concernés par l’état du monde. Il était primordial d’aborder cette question avec eux, et d’affirmer que le théâtre est aussi en prise avec la société dans laquelle ils évoluent. Ainsi, tout le récit se déroule durant une période de grande sécheresse.
Une représentation à la frontière entre le réel et le fantastique
L’histoire se déroule dans un monde au bord de la rupture, cela permet d’intégrer des scènes où la frontière entre réel et fantastique est trouble. À quel moment bascule-t-on du côté de leurs visions intérieures, nourries par leurs peurs et inquiétudes ? À quel moment s’inventent-elles des fictions et des jeux pour résister à ce monde inquiétant et hostile ? Le personnage de l’adolescente abandonne progressivement les histoires héritées de l’enfance pour entrer dans la vie d’adulte. L’ennui et peut-être l’exclusion qu’elle connaît au collège lui donnent l’occasion d’un refuge dans l’imaginaire. Avec Lise Lomi, qui interprète l’adolescente, nous avons travaillé sur cet espace solitaire, sur ce qu’il produit de bénéfique, de créatif, et sur la représentation du mouvement intérieur des êtres. L’univers fantastique nous permet également de donner à voir des émotions plus négatives, les états d’angoisse et de doute des personnages. Les passages entre le réel et le cauchemar soulignent avec plus de force le traumatisme et les non-dits, accentués par une bande-son réalisée, entre bruitages réalistes et transcriptions technologiques.”
Vous pouvez retrouver une retranscription d’un entretien avec Penda Diouf et Maëlle Dequiedt au sujet de leur processus de création ou alors voir cette vidéo de Penda Diouf parlant de l’écriture de son texte.
Retour en images sur la représentation
Texte Penda Diouf • Mise en scène Maëlle Dequiedt • Jeu Lise Lomi et Mylène Wagram • Collaboration à la mise en scène Jézabel d’Alexix • Son Joris Castelli • Sénographie et costumes Heidi Folliet